Les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) se caractérisent par des perturbations graves du comportement alimentaire. On distingue deux diagnostics spécifiques : l’anorexie mentale (anorexia nervosa) et la boulimie (bulimia nervosa), ainsi que la boulimie hyperphagique et une version mixée : l’anorexie-boulimie. Alors, comment faire la différence entre ces quatre maladies ?
L’anorexie et la boulimie sont deux maladies distinctes, cependant facettes d’une même « pièce de monnaie » . On ne sait pas pourquoi une patiente ou un patient va plus être « pile » = malade de boulimie ou « face » = malade d’anorexie. Ces deux maladies prennent racine dans un trouble de l’existence et ont pour symptôme commun la mise en place d’un contrôle obsessionnel et inapproprié. L’anorexie jouit de son hyper contrôle quand la boulimie souffre de ses pertes de contrôle.
L’anorexie mentale toucherait en France 1 à 2% des femmes, soit approximativement 230 000 personnes. La boulimie serait plus fréquente encore : 3 à 4% des femmes soit 400 000 personnes.
Définition de l’anorexie et de l’anorexie-boulimie
L’anorexie se caractérise par la « règle des 3 A, A_A_A » =
- Anorexie : refus de s’alimenter, hypophagie, absence relative de prise alimentaire, restriction obsessionnelle.
- Amaigrissement : Indice de Masse Corporelle (IMC) inférieur à 18,5.
- Aménorrhée : absence de règles pour les jeunes filles ou les femmes, lié à un trouble endocrinien.
Il existe deux types d’anorexies :
- Celle, bien connue, de type restrictif, caractérisée par une absence presque totale de prise alimentaire
- L’autre, de type anorexie-boulimie qui, comme son nom l’indique, est un mélange entre l’anorexia nervosa et la bulimia nervosa. La restriction obsessionnelle est alors entrecoupée de crises de boulimie. Le désir de contrôle imposé par l’anorexie va ainsi associer à ces compulsions, des comportements compensatoires inappropriés (vomissements, prises de laxatifs, diurétiques, etc..) et le plus souvent, une hyperactivité physique.
L’anorexie semble avoir trouvé dans nos sociétés modernes, vouées au culte de la minceur, un terreau fertile. D’ailleurs, l’anorexie mentale, qui n’est plus considérée comme une pathologie des moins de 25 ans, ne touche pas seulement les jeunes, ni même les seules femmes. Cependant, il ne suffit pas de rêver d’être svelte, heureusement, pour souffrir d’anorexie…
Aujourd’hui, cette maladie est observée chez :
- Les nourrissons: « l’anorexie du nourrisson »,
- Les enfants de moins de 10 ans (90% de garçons),
- Les adolescents (90 % de filles),
- Les sujets de plus de 25 ans : « anorexie tardive » (90% de filles également).
Définition de la boulimie
La boulimie se caractérise par :
- L’apparition récurrente de crises de boulimie au moins une fois par semaine pendant trois mois. La crise de boulimie correspond à une grande absorption d’une grande quantité de nourriture dans un temps limité (moins de 2 heures) . La crise de boulimie n’est pas induite par la faim et n’a aucune connotation de plaisir.
- Associées à un sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise.
- Associées à des comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir la prise de poids.
Les sujets souffrant de boulimie ont en général un poids égal ou supérieur à un poids minimal dont l’IMC est supérieur à 18,5.
On distingue 2 types de boulimies :
- La bulimia nervosa : crises de boulimie AVEC comportement compensatoire
- L’hyperphagie : crises de boulimie SANS comportement compensatoire
Différences entre l’anorexie et la boulimie
Les études d’analyses de l’Association Tout Génome (GWAS ou « Genome-wide association studies ») montrent des perceptions contraires entre ces différentes maladies (voir tableau ci-après). Les réactions neurologiques expliquent parfaitement les différences comportementales entre chaque type de pathologie.
Stimulations | Anorexie | Boulimie | Hyperphagie |
---|---|---|---|
Stimulation visuelle ou gustative
| Activation réduite du cerveau, réponse faible – | Activation excessive de 4 parties du cerveau ++++ | Activation excessive d’une seule partie du cerveau + |
Présentation d’image de personnes en surpoids | Activation importante
++
| ||
Exécutions de test pour le contrôle de soi, stop signal | Activation excessive de plusieurs parties de cerveau ++++ | Activation réduite de 3 parties du cerveau. — | Activation réduite de 2 parties du cerveau — |
Quelques explications…
Anorexie mentale (anorexia nervosa) : la réponse est réduite quant aux propriétés de récompense de la nourriture. C’est ainsi que lorsqu’on souffre d’anorexie, la sensibilité au plaisir hédonique est très faible et facilite l’exécution d’une restriction poussée, dans certains cas, à l’extrême. Le rêve de toute personne souffrant de boulimie ! L’émotivité est perturbée par un hyper-contrôle de la maîtrise de soi. Par conséquent, le sujet apparaît soucieux et très introverti, comme si l’anorexie demandait à la personne de disparaître.
Boulimie (bulimia nervosa) et hyperphagie (BED, Binge Eating Disorder) : a l’inverse, dans le cas de la boulimie et de l’hyperphagie, on observe une forte sensibilité aux propriétés de récompense de la nourriture (elle calme, apaise, fait du bien) . Cette addiction alimentaire stimule la culpabilité alimentaire. L’impulsivité, la perte de contrôle et le comportement alimentaire de type compulsif sont imposés par le dérèglement du système de stimulation / réponse du cerveau.
Similitudes entre l’anorexie et la boulimie
Une altération de la perception de la forme et du poids corporels, ainsi qu’un trouble de l’existence du soi, sont des caractéristiques essentielles à la fois de l’anorexie mentale et de la boulimie. Le patient a du mal à vivre pour qui il est, il ne reconnaît pas ses propres valeurs et confond son existence, son être, son moi, avec la forme de son corps. La maigreur devient alors le saint-graal et la raison unique d’un bonheur potentiel possible. Ce trouble de l’existence est un mal-être qui s’exprime par un manque d’estime de soi, un manque d’affirmation de soi et, bien souvent, un syndrome de l’imposteur.
En cas de boulimie, on observe également des pensées anorexiques aussi puissantes que dans l’anorexie mentale. Ces dernières provoquent une obsession et une capacité à maintenir son poids par un contrôle obsessionnel restrictif et voire même des autorisations aux crises. « Je ne mange rien la journée pour m’autoriser à « criser » le soir avec 2000 calories. » La peur de grossir reste intense.
Soigner la boulimie et l’anorexie
Pour soigner les Troubles des Conduites Alimentaires, les thérapies doivent être pluridisciplinaires. Psychiatres, psychologues, diététiciens comportementalistes, psychomotriciens, sophrologues, doivent tous être spécialisés en troubles des conduites alimentaires. Les diététiciens-nutritionnistes comportementalistes utilisent différents outils thérapeutiques comme l’analyse fonctionnelle alimentaire, les principes de pleine conscience, la thérapie ACT, la nutrithérapie ou encore la psychonutrition pour accompagner au mieux leurs patients vers la guérison.
Comment donc se faire aider ? Il faut franchir le premier pas, celui qui demande le plus de courage : prendre un rendez-vous initial afin d’établir un bilan des troubles qui permet de mettre en place un protocole de soin adapté à chaque personne.
L’anorexie et la boulimie semblent bel et bien être les deux faces d’une même pièce : les réponses aux stimulations alimentaires et émotionnelles s’opposent, alors que l’obsession du poids et de la minceur (ou maigreur) et la souffrance les unissent.
Toutes deux sont des pathologies mentales addictives, ce qui signifie que l’on n’en guérit pas sans un accompagnement professionnel sérieux et personnalisé, avec des experts spécifiquement formés à aider les patients à guérir de ces maladies.
Si vous sentez ou savez que vous souffrez de boulimie, je vous propose de vous procurer mon livre : « Je me libère de ma boulimie » qui vous sera d’une aide précieuse.
En route vers la guérison !