Qu’est-ce qu’une émotion ?
L’émotion au sens étymologique signifie « mouvement ». Elle décrit le passage d’un état psychique à un autre. Par conséquent, la Tête est constamment sous un état émotionnel qui varie en fonction de son environnement. Le plaisir et la douleur ne sont pas des émotions. Si « je souffre parce que je suis triste », seule la tristesse qualifie l’émotion. La douleur, au même titre que le plaisir, n’en est que la conséquence.
Il existe également des émotions secondaires : « j’ai peur d’avoir peur », « j’ai peur d’avoir honte » ou encore « j’ai honte d’avoir peur »… Elles sont le plus souvent le résultat de la mise en place, par l’individu, de stratégies de contrôle.
Comment fonctionne-t-on face au stress ou face à une intensité émotionnelle trop importante ?
Certains événements où certaines pensées génèrent chez l’individu la production d’anxiété ou l’augmentation de l’intensité d’une émotion dont il cherchera naturellement à se libérer. Pour y parvenir, l’être humain aura recours à diverses stratégies :
- Trouver une solution au problème et ainsi se débarrasser du facteur de stress
- Faire appel à ses compétences interpersonnelles face aux difficultés
- Reconnaître son émotion puis vivre et donc exprimer son émotion
- Reconnaître ses besoins
- Affirmer ses besoins
- Adapter sa manière d’aborder ses relations avec les autres.
- Problème qui ne possède pas de solutions immédiates, donc recours à une solution palliative
- Accepter que la solution ne puisse pas libérer immédiatement l’émotion
- Rechercher un comportement ou un réconfort approprié pour diminuer l’intensité de cette émotion.
- Avoir recours à un comportement humain, imparfait, comme jouer, partir en vacances, appeler des amis, sortir se promener et aussi « manger » !
Est-ce normal d’avoir recours à la nourriture quand on se sent plein-e d’émotions ?
La réponse est OUI ! Une réponse alimentaire est une solution palliative à un problème non alimentaire.
Anna : « Quand je suis triste, je vais dîner chez l’Italien avec des amis. Ça me fait un bien fou, surtout la glace ! »
À cet instant, Anna a recours à une alimentation réconfortante. Elle va ressentir du plaisir, un apaisement, un soulagement et surtout la diminution de son intensité émotionnelle. Elle va pouvoir ainsi reprendre le cours de sa vie sans être envahie par un sentiment ou des émotions agréables ou désagréables. Ce comportement naturel et physiologique aboutit à la production d’un réconfort.
En effet, les aliments n’apportent pas uniquement des protéines, lipides, glucides, vitamines et minéraux. Ils apportent de par une fonction mécanique, une régulation de certaines sécrétions mentales. Ainsi, on constate que les aliments à texture pâteuse comme les gâteaux, le chocolat, les pâtes ou les tartines, modifient les concentrations sanguines de certaines molécules comme les marqueurs de stress (l’adrénaline et le cortisol). Le mangeur stressé, en choisissant des aliments qu’il apprécie, va stimuler et activer ce qu’on appelle aujourd’hui des systèmes de récompense en sécrétant des endorphines et de la dopamine qui produisent cet effet apaisant.
Cette réponse face au stress est alors appropriée comme une réponse en attente de solutions concrètes en réponse au problème qui est à l’origine de l’augmentation de l’intensité des émotions.
Il est important d’ajouter que n’importe quel type d’émotion, qu’elle soit agréable ou désagréable, que l’être ressente une hyper-joie ou un hyper-malheur, peut provoquer ce type de comportement alimentaire réconfortant. Ce n’est pas le type d’émotions mais l’intensité qui va être facteur de stress d’envahissement et provoquer chez cette personne une incapacité à s’ouvrir à d’autres idées logiques ou d’autres perceptions de son environnement.
Quand est-ce que ce n’est plus normal ? Qu’est qu’un trouble émotionnel alimentaire ?
Geneviève : « Quand je suis triste, je ne veux plus exister, alors pour m’oublier je mange. Mais après, c’est pire qu’avant : je culpabilise ! Je me sens encore plus nulle ! Donc foutue pour foutue, je re-bouffe et je n’arrive plus à m’arrêter ! C’est horrible ! »
Le trouble émotionnel alimentaire ou “Trouble du réconfort alimentaire” s’opère quand l’individu n’est plus capable de ressentir le réconfort alimentaire. C’est un trouble des conduites alimentaires TCA de type Boulimie que l’on observe chez Geneviève. Elle va alors espérer rechercher un apaisement, ne pas le ressentir et manger encore plus, toujours plus, sans pouvoir s’arrêter. Ce sentiment d’alimentation frénétique, de comportement incontrôlable (crise de Boulimie), aboutira à un sentiment de culpabilité et de honte intense. Ce dernier, à son tour, provoquera le retour de la recherche de réconfort alimentaire pour diminuer cette culpabilité, à nouveau introuvable et à nouveau frénétique, etc…
Ingérer certains aliments permet de fuir la réalité, au même titre que l’alcool, le tabac ou la drogue. Quand l’aliment est en phase de mastication, le temps n’a plus de prise, l’ennui disparaît, la tête ne pense plus, les idées négatives, le sentiment de solitude, d’abandon ou de non-reconnaissance n’existent plus : la prise alimentaire joue alors le rôle de « bouton off ».
Ce comportement peut être compulsif : c’est ce qu’on appelle le « lâchage alimentaire », de « pulsion ». Si l’intensité et la quantité de la consommation sont importantes, on parlera de « crise alimentaire » et donc de trouble du réconfort alimentaire.
Qu'est ce qui provoque ce trouble émotionnel alimentaire ?
L’origine de ce trouble émotionnel alimentaire reste difficile à définir. Il répond à de nombreux facteurs individuels. Néanmoins, voici quelques facteurs déclencheurs de trouble émotionnel alimentaire :
- Une incapacité à formuler le problème qui le préoccupe
- Une incapacité à reconnaître ses émotions et à les nommer
- Un manque de compétences interpersonnelles
- Un manque d’estime de soi, de confiance en soi
- La recherche d’être « comme il faut » et non « comme je suis »
- Une rigidité psychologique aboutissant à l’état de restriction cognitive répondant aux lois du « tout ou rien » ou « tout, tout de suite »
- Les croyances alimentaires et la notion d’aliments interdits /autorisés
Peut-on soigner le trouble émotionnel alimentaire ?
S’en sortir, c’est possible ! Si le problème persiste, vous seul-e pouvez le faire, mais vous ne pouvez pas le faire seul-e !
La nutrithérapie ou le suivi comportemental alimentaire réalisé par des diététiciens-nutritionnistes comportementalistes spécialisés en troubles des conduites alimentaires, propose de :
- Retrouver l’écoute de ses sensations alimentaires et leur redonner une place centrale
- Identifier les facteurs qui empêchent le lien entre soi et son corps
- Abolir la notion d’aliments interdits et aliments autorisés par la reconnaissance de ses besoins spécifiques
- Traiter l’alimentation émotionnelle inappropriée, appelée aujourd’hui trouble de la fonction réconfort alimentaire
- Retrouver un comportement alimentaire naturel et apaisé
- Retrouver l’estime de soi, l’affirmation de soi, l’acceptation des émotions par le principe de la « pleine conscience ».
Comment donc se faire aider ? Il faut franchir le premier pas, celui qui demande le plus de courage : prendre un rendez-vous initial afin d’établir un bilan des troubles qui permet de mettre en place un protocole de soin adapté à chaque personne.
Un trouble de l’alimentation émotionnelle est souvent couplé avec un trouble des conduites alimentaires type boulimie ou hyperphagie. On n’en guérit pas sans un accompagnement professionnel sérieux et personnalisé, avec des experts spécifiquement formés à aider les patients à se sortir de ce cercle infernal.
Si vous sentez ou savez que vous souffrez de ce type de trouble émotionnel alimentaire, je vous propose de vous procurer mon livre : « Je me libère de ma boulimie » qui vous sera d’une aide précieuse.
En route vers la guérison !