Qu’est-ce qu’un régime ?
Un « régime », au sens premier, c’est une « manière de » : manière de vivre, manière de gouverner un pays. Sur le plan alimentaire, il désigne une méthode raisonnée et ritualisée pour consommer les aliments. Ces « méthodes », généralement estampillées « miracles », ont tendance à fleurir à l’approche de l’été : des recettes propagées par la presse féminine aux régimes prescrits par des professionnels de la nutrition, en passant par les conseils d’amis et le régime maison.
Les trois lois des régimes
Des réflexes mentaux sont activés par la restriction et détournent la relation alimentaire naturelle en faisant force de loi :
- le « tout ou rien » : « soit je mange peu, soit je mange trop »
- le « foutu pour foutu » : « quitte à risquer de grossir en mangeant un gâteau, autant finir le paquet ! »
- le « tout, tout de suite » : « je veux maigrir immédiatement et, pour cela, je me restreins… mais je n’y arrive pas tout de suite et je remange… »
En matière de régime, tout existe !
Il existe différents types de régimes. Qu’ils soient hyperprotéinés, personnalisés ou équilibrés, aucun ne prend en compte les aspects émotionnels (« quand je suis triste, je mange ») et éducatifs (« on m’a toujours appris à finir mon assiette »). Voici un éclairage sur les différents régimes et leurs carences nutritionnelles :
Régime | Description | Carences |
---|---|---|
« Mono diet »
| Cure d’un aliment végétal pendant au moins un jour
Ex. : cure ananas, raisin, soupe au chou
| Vitamines C (si aliments cuits), B12, A, D, E, K
Protéines
Lipides dont acides gras essentiels
Calcium
|
Hyperprotéiné | Naturel : consommation de viande, poisson, œufs, yaourts allégés et quelques légumes autorisés
En sachet : produits diététiques, poudre à diluer, crème saveur sucrée accompagnée de légumes verts autorisés
| Calcium
Vitamines B, A, D, E, K
Lipides dont acides gras essentiels
|
Régime personnel
| Le plus souvent : consommation de produits allégés et évitement des graisses et des produits sucrés
| Calcium
Vitamines A, D, E, K
|
Régime dissocié
| S’il comporte toutes les catégories alimentaires, il équivaut à un régime équilibré
| Restriction cognitive |
Jeune | Prise alimentaire encadrée en fonction des horaires. Abstinence de 10h, 12h, 14h ou 16h, à plusieurs jours.
| Restriction, cassure du rythme naturel alimentaire, carences |
Référence : ANSES, « Rapport sur l’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement », novembre 2010, http://www.afssa.fr/Documents/NUT2009sa0099.pdf.
Le régime, une activité dangereuse !
Selon le rapport de l’ANSES, la pratique d’un régime est loin d’être sans risque.
- Cela est notamment vrai pour les régimes hypocaloriques (à très basses calories), qui peuvent induire de façon aiguë des troubles du rythme cardiaque, voire des accidents avec mort subite.
- Quant aux régimes hypoglucidiques (à très faible apport en glucides, donc riches en graisse alimentaire), leur innocuité n’est pas établie sur le plan cardiovasculaire. Un apport élevé en acides gras saturés peut même accroître l’insulino-résistance, et ce malgré la perte de poids.
- Autres régimes visés, ceux dits hypolipidiques (pauvres en graisse alimentaire), rendus délétères par leurs apports déséquilibrés en acides gras et par les risques athérogènes qu’ils entraînent, notamment en cas de syndrome métabolique (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie).
- Les autres déséquilibres nutritionnels et l’amaigrissement de façon générale provoquent également une fonte de la masse musculaire, mais aussi une fonte de la masse osseuse (1 à 2% pour une perte de poids de 10%), ce qui favorise l’ostéoporose, les troubles digestifs, les perturbations de la courbe de croissance chez les enfants et les adolescents, ainsi que des perturbations hormonales etc.
Les régimes font-ils grossir ?
« Je sais ce qu’il faut faire, mais je n’y arrive pas. Je sais que je mange mal », je sais que je mange trop, j’ai fait plein de régimes mais je reprends du poids tout le temps ! ».
Quand le corps fait de la résistance à la perte de poids
En période de restriction, notre corps s’adapte. Il perd du poids, en reprend, en reperd, en reprend encore… C’est ce qu’on appelle la « résistance » à la perte de poids. Pour se défendre, la tête ne peut s’empêcher de s’imposer des règles de plus en plus strictes et restrictives. En conséquence, pour sécuriser les paramètres nécessaires à son maintien en vie, le corps économise ! Le corps stocke, pour se prémunir contre les prochaines « famines volontaires ». Autrement dit, il grossit.
Alors, les régimes font-ils toujours grossir, oui ou non ?
Sans modification de la relation alimentaire, la réponse est sans appel :
- A court terme, un cadre nutritionnel fait maigrir… au moins les premières fois. Par la suite, le corps rentre en résistance et le régime s’avère un échec.
- A moyen terme, il implique une reprise de poids. Plus de 90% des sujets pratiquant un régime reprennent leur poids un an après la fin de leur régime.
- A long terme, il provoque une prise de poids supplémentaire (le fameux réflexe anti-famine…).
Conséquences des restrictions alimentaires
Conséquences sur votre « Moi », bien-être ou mal-être ?
« Dès que je grossis, je me trouve moche et nulle. Je me demande alors pourquoi mon mari reste encore avec moi. Quand il m’a connue, je me trouvais déjà grosse, mais quand je regarde les vieilles photos, je rêve d’être à nouveau comme avant ! Aujourd’hui, plus j’essaie de maigrir, plus je grossis. Je ne suis qu’une bonne à rien. Au moins, avant j’y arrivais un peu ! »
La perte de poids provoquée par le début d’un régime apporte une sensation de bien-être immédiat qui trompe la tête : « tout va bien dans ma vie, je suis heureuse. » Cette sensation agit telle une drogue. Las ! Une fois le poids « idéal » atteint, ces sécrétions psychiques apaisantes s’arrêtent. Les émotions ne sont plus inhibées et c’est avec violence que la réalité du vécu remonte à la conscience. Après tant d’efforts et de sacrifices, la déception et la souffrance ne font qu’exacerber l’aspect conflictuel de la relation alimentaire telle qu’elle était avant le régime. Pire : le sentiment de frustration est compensé par une surconsommation alimentaire et une reprise de poids !
Conséquences sur votre relation alimentaire ?
C’est ainsi que le cercle infernal d’une relation alimentaire conflictuelle s’active !
Comment s’en sortir ?
C’est pour briser ce type de spirale infernale des régimes qu’il convient, dans la plupart des cas, de se pencher sur la dimension psychologique du problème apparent avant d’envisager une modification alimentaire et pondérale. En se préoccupant uniquement du leurre alimentaire, non seulement on se trompe de cible, mais on risque aussi d’amplifier le véritable problème en provoquant angoisse et mal de vivre.
Comment donc se faire aider ? Essayer de franchir le premier pas, celui qui demande le plus de courage : prendre un rendez-vous initial afin d’établir un bilan des troubles qui permet de mettre en place un protocole de suivi adapté à chaque personne.
Nombreux sont ceux qui ressortent meurtris physiquement et psychiquement des multiples « coups d’État » qu’ils ont imposés à leur corps. En bref, sur le long terme, les régimes restrictifs font prendre du poids et perdre de l’amour de soi.
Les régimes, comme tout autre type de restriction alimentaire, aboutissent souvent à un comportement compulsif vis-à-vis des aliments. Si c’est le cas, cela signifie que seul un accompagnement professionnel sérieux et personnalisé, avec des experts spécifiquement formés, peut aider le patient à sortir de ce cercle infernal.
Si vous sentez ou savez que vous souffrez de ce type de trouble compulsif émotionnel alimentaire, je vous propose de vous procurer mon livre : « Je me libère de ma boulimie » Dans le cas contraire, je vous invite à lire “ Je mange et je suis bien” publié aux éditions PUF.
Ils vous seront tous deux d’une aide précieuse.
En route vers la liberté alimentaire !