Qu’est-ce qu’un « libre mangeur » ?
Réfléchissez, vous en avez forcément déjà rencontré. Sans doute même vous ont-elles profondément agacé… Ces personnes qui mangent de tout en toute liberté, on les appelle des « libres-mangeurs ». La prochaine fois que vous en croiserez une, observez-la bien.
Le libre-mangeur, comme son nom l’indique, ne s’embarrasse pas de contraintes. Sa liberté, il l’assume. Ainsi, il lui arrive d’exprimer verbalement sa sensation de faim avant de passer à table. Il choisit ensuite son menu sans jugement, ni culpabilité. Il semble n’être influencé par rien d’autre que sa seule envie alimentaire. Lorsqu’il arrive à satiété, assiette terminée ou non, il s’arrête, quelles que soient les circonstances. Et pour cause : il sait parfaitement que s’il continue de consommer, même s’il s’agit de terminer son dessert préféré, il en ressentira un vif déplaisir. Centré sur ses sensations de corps et son plaisir de saveur alimentaire, il les revendique ouvertement. Il ne pense pas, il profite !
Qu’est-ce que la liberté alimentaire ?
On parle de liberté alimentaire quand l’aliment consommé n’a aucune autre fonction que celle de répondre aux besoins du corps. Il ne fait donc office ni de médaille, de punition, ni d’objet de satisfaction pour autrui.
Alors que les croyances, les « logiques nutritionnelles » et autres considérations sur le « diététiquement correct », justifiées ou non, ont tendance à perturber la spontanéité et donc la liberté du comportement alimentaire, elles n’ont aucune emprise sur ces libres-mangeurs. Leur estime de soi et leur affirmation de soi sont tout à fait équilibrées.
Caractérisée par l’absence de culpabilité, cette liberté alimentaire est synonyme d’une relation alimentaire paisible. Se nourrir devient un acte plaisant, dénué de stratégies d’évitement, d’éloignement, de compensation, de pensée dichotomique (le « tout ou rien »), d’ajustement ou d’effet calmant. Manger répond à un ressenti exprimé naturellement : « Ah, que c’est bon de manger quand on a faim ! »
Une liberté alimentaire si difficile à conquérir
L’homme a beau être programmé physiologiquement pour manger par faim, il n’en est pas moins un être conditionné par son environnement. Ainsi, son régime omnivore doit répondre à trois besoins essentiels : se nourrir, se socialiser et se faire plaisir. Dès l’enfance, l’Homme acquiert un comportement alimentaire qui traduit la recherche d’un équilibre entre ces trois besoins. Or, la tête, le corps, l’environnement et l’affect sont si étroitement corrélés qu’il devient difficile de développer une relation alimentaire paisible !
Si on oppose le terme de Trouble des Conduites Alimentaires à une liberté alimentaire, cela revient à se poser la question suivante : qui, de nos jours, fait encore l’expérience de la liberté alimentaire ? Car oui, il existe encore des personnes qui mangent avec faim, avec plaisir et qui s’arrêtent à satiété sans avoir aucune réflexion de type « c’était bien bon aujourd’hui, mais je vais le payer demain. » ou encore « direct dans les cuisses ! ».
Mais comment ne pas se sentir culpabiliser lorsqu’on est envahi de messages perçus restrictifs ?
La relation alimentaire conflictuelle
Et vous, souffrez-vous d’une relation alimentaire conflictuelle ? Si je vous dis : « Je suis addict au sucre ! », « dès que je suis stressé, je mange » ou « quand je mange, c’est le seul moment où je suis tranquille ! », est-ce que vous vous vous reconnaissez ?
Comment retrouver votre liberté alimentaire ?
Le secret de la liberté alimentaire ? L’autorisation !
Si vous vous autorisez tous les aliments que vous souhaitez consommer, vous ne ressentirez plus le besoin de vous lâcher. Manger du chocolat quand vous en ressentez le besoin vous permettra de l’apprécier à nouveau plus tard, au lieu d’en faire un aliment diabolique… donc tentant… donc frustrant… donc objet de lâchage… donc culpabilisant ! La prochaine fois, il y a de fortes chances pour que votre consommation soit guidée par votre corps et non par votre tête.
Voici les étapes pour devenir un libre mangeur ;
- Se mettre à l’écoute de son corps
o Détecter la faim
o Traiter les crises
o Rétablir le rythme alimentaire
- Apprendre à respecter ses besoins
o Couper les liens entre émotions et prise alimentaires en reprogrammant le cerveau
- Retrouver le plaisir
o Accepter le plaisir alimentaire sans en avoir peur
o Accueillir le plaisir comme régulateur de ses quantités alimentaires
- Regonfler son ego
o Réévaluer l’image de soi
o Rehausser l’estime de soi
o S’aimer soi-même
Se faire aider
Par qui se faire aider?
Pour trouver ou retrouver la liberté alimentaire, les thérapies peuvent être pluridisciplinaires. Psychiatres, psychologues, diététiciens comportementalistes, psychomotriciens, sophrologues, doivent tous être spécialisés en troubles des conduites alimentaires. Les diététiciens-nutritionnistes comportementalistes utilisent différents outils thérapeutiques comme l’analyse fonctionnelle alimentaire, les principes de pleine conscience, la thérapie ACT, la nutrithérapie ou encore la psychonutrition pour accompagner au mieux leurs patients vers la liberté alimentaire.
Comment se faire aider ?
Il faut franchir le premier pas, celui qui demande le plus de courage : prendre un rendez-vous initial afin d’établir un bilan des troubles qui permet de mettre en place un protocole de soin adapté à chaque personne.
L’assiette est un lieu à haut risque, à la fois conflictuel et aliénant. S’y retrouvent, en pêle-mêle, vos croyances, vos émotions, votre histoire, vos sentiments, vos goûts, vos préférences, vos addictions, etc. Leur façon de se mélanger peut donner naissance à la liberté alimentaire, ou, au contraire, produire une relation alimentaire conflictuelle. Cette dernière implique le corps et la tête : autrement dit, l’alimentation et vous.
Alors, il ne s’agit pas seulement de retrouver votre équilibre, mais également de redécouvrir
votre harmonie de plaisir de vie. De retrouver, en somme, votre corps en toute liberté !